dimanche 5 avril 2009

Cuivre, Ô Poison Salvateur

Cet article :
complète Chacun son tuyau de cuivre
dans Le Camp des Toisons - La Gazette
- Introduction
- Reflexion, cogitation
- Des pionniers dont...
- Du cuivre, pourquoi faire ?
- Du cuivre sous quelle forme ?
- Quelle dose ?
- Et l'environnement dans tout ça ?
- Un peu plus de développement durable
le saladier avec environ 1kg de mélange, et les différents ingrédients à coté

Introduction

Tous les agriculteurs le savent : le cuivre est un poison. Chaque être vivant (animal ou végétal) a un seuil de tolérance spécifique :
le mouton à peau blanche est plus sensible qu'un mouton à peau noire, qui est plus sensible qu'une chèvre à peau blanche, qui est plus sensible qu'une chèvre à peau noire, qui est...
Ainsi de suite... de même pour les humains d'ailleurs... les plantes... et les micro-organismes du sol...

Sait-on vraiment comment un organisme métabolise le cuivre ? Franchement, j'en doute... Les écrits internet de vulgarisation à propos du cuivre arrivent à se contredire les uns les autres. Et je pense que chaque auteur donne son mot en toute bonne foi quant aux doses et aux effets. Alors ? Qu'en penser ??


Reflexion, cogitation

Les scientifiques savent établir des seuils (mini pour la survie, et maxi avant de périr par empoisonnement) de présence de l'élément cuivre dans le sang.
Mais le taux d'un minéral dans le sang n'est pas le taux dans les cellules de l'organisme... osmose... phénomènes physico-electro-chimiques... chimie pure (pH dans les cellules, potentiel d'oxydo-réduction)... Beaucoup de facteurs interviennent dans l'histoire et tout est question d'équilibre... équilibre "il en faut assez mais point trop"... équilibre des pressions... équilibre des réactions chimiques dans le milieu à pH donné... équilibre avec les autres minéraux...

Un sol acide peut être riche en minéraux. Mais ces derniers seront bloqués (indisponibles pour les plantes). Pour remonter le pH d'un terrain acide, il est conseillé de chaulé (avec de la chaux, ou de la dolomie, ou du gypse). L'amendement calcaire réagit avec le milieu acide et libère des ions qui rendent la terre plus basique. Du même coup, des minéraux bloqués se retrouvent disponibles pour les plantes...

Le cuivre et le magnésium sont en premières lignes pour devenir indisponibles quand le milieu est acide. Ce n'est pas le cas du fer par exemple (j'en ai fait la triste expérience).

Par analogie, pour que le cuivre du sang puisse être utilisé par les cellules, le "terrain" animal doit le permettre : pH et présence des autres minéraux dans les cellules de l'organisme de façon adéquate.
C'est ainsi que, l'équilibre étant cassé, la tuberculose (c'est juste un exemple !!!) s'installera sur un sujet déficient en cuivre, tandis qu'un tuberculeux pourra avoir un fort taux de cuivre (non utilisé et toxique si trop) dans le sang... Logique de milieux...


Des pionniers dont André VOISIN, William A. ALBRECHT puis... Pat COLEBY et d'autres...

...Un sol équilibré pour produire une nourriture équilibrée...

Pat Coleby connait Voisin et Albrecht sur le bout des doigts (moi pas du tout pour l'instant). Ces 2 personnes font autorité chez les anglophones pour leurs travaux sur les propriétés des sols, et les conséquences sur les cultures et les élevages puis la santé humaine.

3 bouquins que j'aimerais bien lire :
- The Albrecht Papers
- Soil, Grass and Cancer, de André Voisin
- Natural Farming, de Pat Coleby

Le cuivre est indispensable mais en trop grande quantité, il tue.
Les propriétés chimiques du cuivre font qu'on peut en mettre autant qu'on veut en face du fer, du calcium, du magnésium, du cobalt, du soufre et bien d'autres, sans que cela soit préjudiciable au métabolisme respectif de chacun... (alors qu'un excès de fer chasse le cuivre des cellules de l'organisme).

Alors, schématiquement, pour avoir un corps sain sans risquer de l'empoisonner, il suffit de trouver l'anti-poison du cuivre pour pouvoir donner un de ses composés à volonté aux animaux ?!

Je ne sais pas qui a dit à Pat Coleby que la dolomie fixe les ions cuivreII. Pat le crie sur les toits, je le dis dès que je peux depuis quelques temps en France et maintenant, je l'écris, forte de mon expérience d'une année pleine avec Brebiou et mes chèvres.
En 2007, quand je cherchais de la dolomite, j'ai découvert que les fabriquants de prémélanges pour les aliments des porcs, incorporent de la dolomite. En préparant cet article, j'ai trouvé des pages sur internet alertant sur la forte teneur en cuivre des lisiers de porcs, du fait du surdosage du cuivre dans l'alimentation des bêtes...
Donc... finalement... le cuivre et la dolomite... c'est un secret de polichinel ?!


Du cuivre, mais pourquoi faire au fait ???

En donnant du sulfate de cuivre (et de la dolomie en anti-poison) à volonté à mes animaux, j'ai récolté ce que Pat annonce dans ses livres :

- effet vermifuge large spectre exhaustif
- effet anti maladies diverses telle la fameuse coccidiose, le très génant ectyma... (et dont forcément FCO que je n'ai même pas vu passer)
- effet bénéfique sur la qualité du mohair (avec le soufre)
- les chaleurs sur un plus grand nombre de chèvres et en juillet au lieu de octobre voire novembre (avec iode)
- assure l'efficacité des anti-anémiants ferriques et/ou ferreux
- excelle dans les soins externes, notamment pour "sécher" une plaie sur la peau, nettoyer un abcès qui a éclaté...

Pat éloigne bien des maux avec le cuivre (associé impérativement avec la dolomite pour effet anti-poison) . Par rapport à l'actualité caprine dont j'ai vent, voici quelques exemples supplémentaires : brucellose, paratuberculose, CAEV, piétin...


Du cuivre ok, mais sous quelle forme ???

Pat utilise les minéraux sous les formes les plus faciles à trouver dans la nature pour peu qu'elles soient assimilables.

Le cuivre métal n'est pas assimilable ; ses oxydes le sont. Un composé se forme spontanément à la surface du métal en présence d'humidité et dans l'air : le sulfate de cuivre. Ce dernier est assimilable lentement (donne le temps d'intervenir avant de tuer), et réagit avec la dolomite en milieu aqueux (le cuivre se retrouve bloqué ; effet anti-poison).

Suite à des demandes d'expériences, Pat a essayé d'autres formes de composés à base de cuivre. Elle les trouve extrêmement délicats à utiliser du fait de leur absorption trop rapide par l'organisme, et les déconseille vivement. (trop vite dans le sang et non disponible pour les cellules, le cuivre est stocké jusqu'à mort dans le foie)

Donc j'en suis restée et en resterai (en attendant mieux pour lutter contre la mondialisation des microbes et des parasites) au sulfate de cuivre cristallisé (avec la dolomie !).


Combien ? Quelle dose ?

... Les cristaux bleus avec 6 fois la dolomie, à volonté, en mélange sec (!) ou mieux, dans des gamelles séparées.
... je me suis préparée une solution à 1% dans l'eau pour les soins ciblés (sur des animaux ayant accès à la dolomie à volonté).

1 sulfate de cuivre et 6 dolomie : effet anti-poison avec la méga marge de sécurité, et complément en calcium et magnésium par la même occasion.

Je n'ose pas recopier les doses de Pat Coleby... c'est époustouflant...
Mais il faut comprendre aussi que l'Australie n'est pas l'Europe, pas la France. Les pressions virales et bactériologiques sont totalement différentes ; l'agriculture est extensive...

Pat est chevrière en lait ; ses biquettes reçoivent une dose minimum de "sulfate de cuivre + 6 dolomite" et elles peuvent se resservir en libre si besoin.

L'Australie n'est pas la France, donc les besoins des animaux ne sont pas les mêmes non plus...

Udyoga prend avidement les minéraux que je viens de mettre dans le bolJ'ai choisi le libre-service permanent pour mes chèvres et mes brebis (et les alpacas quand ils sont à l'abri).

Les 6 premiers mois, les 20 mères consommaient 30g de sulfate de cuivre par jour . A l'été, elles ne prenaient plus que 10-15g. A 3 mois des mises bas elles ont repris des grosses doses à 30g ; et seulement 15 chèvres étaient gestantes : des prises individuelles ont du dépasser 2g pour au moins 3 mères... Les mises-bas sont passées de 2 mois et ces dames tournent entre 15g et 20g

Donc en moyenne, une chèvre angora consomment librement 1g de sulfate de cuivre par jour.
J'ai vérifié que c'était bien le cuivre qui les intéressait en leur proposant les cristaux dilués (à 1%) : je me suis faite assaillir !

Ma stagiaire m'a posé la bonne question : c'est bon donc elles sont accro
! ???
Heureusement, la nature est bien faite et les animaux sont plus à l'écoute de leur corps que les humains : quand l'organisme est saturé en cuivre, le sulfate de cuivre prend un goût mauvais dans la bouche ! J'ai vu des chèvres renoncer à la chose convoitée une fois le nez dessus . Quant aux monogastriques, ils ont des spasmes vomitifs si ils insistent.

Pourtant, les bêtes s'empoisonnent avec le cuivre, notamment dans les pâturages voisinant les vignobles...
En effet... mais il s'agit rarement de sulfate de cuivre. Le cuivre dans la plante est sous une forme organique (?) et très assimilable... Avec quel goût ??? Aux limites des propriétés, les pulvérisations passent les clotures...
Et puis... l'animal n'a pas le choix de nourriture... (Viiiiiiiiite ! de la dolomite !)


Et l'environnement dans tout ça ???

L'animal mange plus de cuivre qu'il n'en métabolise. Le corps rejette du cuivre "usagé"... Bref, il y a une bonne dose de cuivre dans le fumier.

Je m'en suis inquiétée bien sur.

Pour le calcul ci-dessous, je vais jouer la scène dans la peau du "pessimiste grave":
-une chèvre prend librement (chez moi !) 1g de sulfate de cuivre par jour en moyenne
- pessimiste : la chèvre rend 1g de "sulfate de cuivre digéré" (majoritairement du cuivre sur la dolomie), c'est à dire 0,25g de cuivre par jour (en terme de pollution, c'est le métal ou l'ion qu'il faut retenir)
- donc en un an une chèvre consomme et rejette environ 91g de cuivre.
- il faut 8 chèvres angoras adultes pour compter 1UGB
- 1 UGB prend et rejette donc 730g de cuivre dans le fumier par an.
- une exploitation équilibrée compte 1 UGB par hectare ; cela fait une pression de moins de 1kg de cuivre par hectare,ouf !

Comment ça : ouf! ???

- ouf parce que la boucle est bouclée : 1 UGB mange "1kg" de cuivre par an et fume 1 hectare... cet hectare, l'UGB le mange l'année suivante, et ainsi de suite !

- ouf, parce que les micro-organismes du sol ont besoin de cuivre pour leur propre système immunitaire et pour décomposer efficacement le compost (issu de la décomposition du fumier) ;

- ouf, parce que les végétaux ont besoin de cuivre pour se défendre face au mildiou, au charbon... et autres maladies, champignons (...) qui sollicitent les défenses immunitaires des plantes elles-mêmes.
Et ainsi de suite dans la chaîne alimentaire.

Remarque : les agriculteurs biologiques pouvaient monter à 8kg de cuivre car ils apportent de la matière organique sans autres poisons et travaillent le sol (ce qui incite les micro-organismes à rester plutôt qu'à fuir le cuivre). C'est possible... mais personnellement je me sens mal à l'aise devant une telle dose de cuivre...
Dans le cas des élevages de porcs, le sulfate de cuivre est digéré avec de la dolomite, mais pour les cultivateurs, c'est des molécules chimiques de cuivre qui partent telles quelles dans le sol...

Si un agriculteur bio veut faire des économies de bouillie bordelaise (qui est rincée à chaque pluie) et nourrir ses cultures, mon fumier est disponible !!! Pour prendre contact, mon email est dans mon profil.


Un peu plus de développement durable

Pour au moins ma satisfaction personnelle, il reste tout de même des points à lever :

- je m'interroge sérieusement sur le comportement de mes ruminants face au minéral : pourquoi ce besoin instinctif de se saturer en cuivre ?!

- combien de temps une biquette devrait passer à lécher un tuyau de cuivre en libre service pour avoir sa dose ? (là au moins, biquette ou brebis ne s'empoisonnerait pas)

- pour 1kg de cuivre digéré avec de la dolomite et épandu sur 1 hectare, comment et combien se retrouve dans la plante qui pousse dessus... et que mangera l'herbivore ?

Pas d'affolement !!! Un viticulteur peut mettre 8kg de cuivre, sans la dolomie, sur 1 hectare de vignes ; donc le raisin se charge en cuivre... et il est comestible !
J'ai entendu hurler que ce n'est pas une raison !
... Je suis entièrement d'accord, alors au boulot!

INFORMONS NOUS AVEC DISCERNEMENT
CHOISISSONS EN CONNAISSANCE
AGISSONS AVEC MAITRISE
SOYONS RESPONSABLES DE NOS CHOIX, DE NOS ACTES.

Pour la santé de la Terre et de tous ses Enfants

1 commentaire:

Mohairetsoie a dit…

J'ai trouvé un site dédié au cuivre : European Copper Institute. Une partie est en français et renvoie sur de nombreux documents pdf en ... anglais.

A bientôt